Depuis 2012, une grande enquête par questionnaire est réalisée par les étudiant·e·s en deuxième année de licence de sociologie de Nanterre et de Saint-Denis en partenariat avec les étudiant·e·s de Brest (depuis 2016), du Havre (depuis 2017) et de Nantes (depuis 2018). Cette année, plus de 7 000 questionnaires ont été administrés dans des salles de cours tirées au sort dans les cinq universités sur le thème du « rapport des étudiant·e·s et de leur famille à l’école ».
Cette enquête vise à décrire les trajectoires scolaires des étudiant·e·s depuis l’école élémentaire jusqu’à l’université ainsi que l’encadrement des scolarités, de l’orientation et des loisirs par les familles. L’enjeu de l’enquête – revenir sur la production des inégalités scolaires – est d’autant plus important qu’elle s’inscrit dans un contexte politique particulier, celui de la réforme du lycée et du projet de loi « pour une école de la confiance ». Elle offre des matériaux empiriques pour poursuivre les analyses sociologiques portant sur les décalages entre dispositions familiales et forme scolaire.
L’exploitation des matériaux a donné lieu à la production par les étudiant·e·s de « 4 pages » sur le modèle de l’Insee dont vous trouverez des exemples ci-dessous:
Si l’appartenance sociale et le genre sont reconnus comme les déterminants majeurs de la réussite scolaire, leurs interactions sont encore peu étudiées. Livia Casalonga, Edouard Chatellard et Idris Weber analysent les pratiques socialisatrices qui sous-tendent ces réussites différenciées en considérant, à la fois, la socialisation genrée et l’ancienneté de l’accès aux études supérieures dans la famille des enquêté·e·s. Existe-t-il des spécificités des socialisations de genre et de classe favorisant particulièrement la réussite scolaire des « héritières »? L’avantage scolaire que constitue une socialisation féminine permet-il aux filles de milieux populaires d’égaler, voire surpasser, à l’école les garçons de milieux favorisés ?
Justine Delalandre et Simon Lecourt s’intéressent à l’adhésion à l’institution scolaire. Ils entendent par adhésion le niveau de légitimité qu’accordent les familles à l’institution scolaire, incarnée par le corps enseignant. Ils analysent la réception par les parents de l’avis des enseignants sur l’orientation de leur enfant. Érigent-ils cet avis en argument d’autorité ? S’alignent-ils toujours sur l’avis des enseignants ? Ou bien prennent-ils leurs distances avec celui-ci ?
La rentrée scolaire de 2018 a marqué la hausse du taux de redoublements en seconde générale et technologique après plusieurs années de baisse. C’est dans contexte que Yves Calvez, Sarah Daniel et Cléa Libouban s’intéressent au redoublement pendant toute la période du lycée en posant la problématique suivante: Quelles sont les possibles causes du redoublement ? Ils considèrent des facteurs aussi variés que le sexe de l’étudiant·e·s, le niveau de diplôme ou la catégorie socio?professionnelle des parents, la structure familiale (famille monoparentale ou non) ainsi que le type d’établissement fréquenté (REP/ZEP), le lieu de résidence (à proximité de Saint-Denis ou encore du Havre, notamment) ou encore les pratiques de lecture de l’élève.
Les travaux en sociologie de l’éducation montrent que la classe sociale est un déterminant majeur de la réussite scolaire et qu’il existe des différences de classe dans les stratégies pédagogiques familiales. Manon Metayer et Federica Sampo cherche à dégager les caractéristiques des stratégies d’éducation des familles de classes moyennes et supérieures. Récemment, Le documentaire Les bonnes conditions (Gavras, 2018), en s’intéressant à des adolescent·e·s de classes supérieures et à leur parcours scolaire sur quinze ans, a mis en lumière l’existence de telles manœuvres.Quelles sont les stratégies mises en œuvre par les parents de milieux favorisés et comment se traduisent-elles ?
Abel Aussant s’intéresse aux facteurs de réussite des étudiant·e·s à faible capital scolaire hérité. En effet, au-delà du fait qu’ils réussissent en moyenne moins bien que les élèves possédant du capital scolaire hérité, les enfants dont les parents disposent de peu de diplômes affichent des profils scolaires très variables. Certains sont en situation de grande réussite scolaire, d’autres en situation d’échec. Comment se structure cette diversité de parcours ? Quels sont les facteurs de réussite ou d’échec chez cette catégorie d’étudiants ?
Plutôt que d’appréhender le niveau scolaire au prisme des bonnes appréciations, Marine Ars, Hugo Jouan et Charlotte Ramos se penchent sur les mauvaises appréciations scolaires. Que ce soit pour comportement perturbateur, travail insuffisant ou irrégulier, ou à cause de mauvais résultats, ces avertissements sont, si l’on suit la logique de Lahire, des indicateurs d’échecs scolaires et de comportements incompatibles avec les codes et les attentes de l’institution scolaire. Quels sont les déterminants sociaux qui exercent une influence sur la réussite scolaire d’un élève ?
Des étudiant.e.s du collectif POF au travail.
Des étudiant.e.s du collectif ont également présenté leurs résultats le 18 mai dernier au colloque de « l’Anthropologie pour tous » au Lycée Le Corbusier à Aubervilliers.
D’autres « 4 pages » des années précédentes :
– Sur le site du collectif POF
– Les résultats de l’enquête 2017-2018 sur le choix des études supérieures.
– Les résultats de l’enquête 2016-2017 sur le rapport au politique et au militantisme des étudiants
– Les travaux des étudiants de Paris 10 sur le rapport au politique et au militantisme (2016-2017).
– Les travaux des étudiants de Paris 8 et de Paris 10 sur le le logement et l’habitat (2012-2013).
– Les travaux des étudiants de Paris 8 et de Paris 10 sur le le logement et l’habitat (2013-2014).