Le 17 février 2016, le gouvernement Valls, par le biais de sa ministre du Travail Myriam El Khomri, dévoile à la presse un avant-projet de loi chargé de porter un ensemble de réformes sur le travail en France.
La ministre justifie cette future loi par la volonté du gouvernement de lutter contre le chômage de masse en favorisant l’emploi et en améliorant la compétitivité des entreprises. La réaction des organisations syndicales et des militants de gauche est immédiate : ce texte est accusé de « casser » un ensemble de droits sociaux, en touchant notamment au principe de la « hiérarchie des normes ». Cette dernière dispose qu’un accord d’entreprise ou un accord de branche ne peut primer sur la loi, à moins qu’il soit plus favorable aux salariés. Deux jours plus tard, la militante féministe Caroline de Haas lance sur le site Change.org une pétition intitulée « Loi Travail : Non merci ! », qui recueille près d’un million de signatures en l’espace de 2 semaines, un record pour la plateforme. Au sein des universités, la réaction est là aussi très rapide. La toute première « Assemblée Générale » (AG) se tiendra à Paris 8 le 8 mars et rassemblera près de 700 étudiants. Elle marque le début d’une mobilisation intensive, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’université, où tout un ensemble d’initiatives rythmeront la vie étudiante durant les mois à venir.
C’est dans ce contexte que nous avons décidé de mener l’enquête sur le rapport au politique et au militantisme des étudiants. Depuis 2012, le Département de Sociologie et d’Anthropologie de Paris 8 (Saint-Denis) organise avec Paris 10 (Nanterre), une grande enquête par questionnaires sur les étudiants de ces deux universités. L’enquête annuelle est menée par les étudiants en deuxième année de licence de sociologie. Cette année les étudiants d’AES de l’Université de Bretagne Occidentale (UBO à Brest) les ont rejoints.
En novembre 2016, plus de 3 000 questionnaires ont été administrés dans des salles de cours tirées au sort afin de construire un échantillon représentatif des étudiants présents sur le campus. L’enquête quantitative a été complétée par une quarantaine d’entretiens réalisés auprès d’étudiants de Paris 8 mobilisés pendant le mouvement contre la loi Travail, mais aussi d’étudiants non mobilisés des filières les plus impliquées dans ce mouvement social.
L’exploitation des matériaux a donné lieu à la production par les étudiants de « 4 pages » sur le modèle de l’Insee. Vous trouverez ici quelques-uns de leurs travaux :
L’influence de la formation et de l’université sur l’engagement politique et militant de l’étudiant.
Chloé Poulain et Léo Lefrançois
Cette enquête sur les étudiants, la politique et le militantisme a été réalisée par les étudiants de Paris 8 Vincennes – Saint Denis et de Paris 10 Nanterre au premier semestre de l‘année 2016-2017. Elle a pour but d’étudier l’engagement militant et politique des étudiants de ces deux universités en fonction de différents facteurs, que ce soit leurs origines sociales, leurs opinions politiques ou encore leurs différentes formes d’engagement. Nous avons choisi de nous concentrer sur l’influence que peut avoir la filière de formation et l’université, sur l’engagement politique et militant des étudiants de Paris 8 et de Paris 10.
Les effets des discriminations sur la mobilisation des étudiant.e.s.
Anna Benmezziane et Margot Mestre
Le mouvement contre la Loi travail du printemps 2016 a vu se développer des formes et des espaces particuliers de l’action collective : AG nonmixtes pour femmes, personnes racisées ou personnes LGBTI entre autres. Et cela est particulièrement révélateur de la différence d’appréhension de l’espace politique de la part des différent.e.s étudiant.e.s. Cela nous a ainsi amené à nous questionner sur les liens qu’il peut y avoir entre discriminations et rapport au politique des individus. Nous avons pour cela étudié comment les diverses discriminations (notamment celles liées au genre ou à l’origine ethnique car elles sont les plus nombreuses) ont un effet sur les formes d’engagement des étudiant.e.s et sur leur manière d’appréhender le politique et ses institutions actuelles
La politique et les militantismes : les raisons du non-engagement étudiant.
Axelle Bazin et Martin Chevallier
La majorité des étudiants se dit non-engagée dans la politique. C’est l’un des constats de l’enquête menée en novembre 2016 sur le comportement des étudiants des universités de Paris 8 et de Paris 10 face à la politique. D’après les résultats de cette étude, seuls 19% des étudiants s’étaient dit mobilisés contre La Loi Travail. Pourtant, ils étaient 53% à émettre une opinion défavorable contre celle-ci. En parallèle, 39% des étudiants s’étaient dit sans opinion. Quelles sont alors les raisons du non-engagement ? Pour comprendre les raisons, il faut d’abord comprendre qui s’engage et qui ne s’engage pas. L’analyse des différents profils des étudiants engagés et nonengagés lors des événements de la Loi Travail permet de comprendre les différents rapports à l’engagement politique.
L’abstention chez les étudiants. Qui sont les étudiants qui ne votent pas.
Pierre Martinel, Floryan Sanchez, Miguel le Joly
Les urnes ont livré leur verdict : Emmanuel Macron et Marine Le Pen seront au second tour de l’élection présidentielle. Mais qu’en est-t-il de l’abstention ?
Les étudiants : quelle origine sociale pour quelle mobilisation dans le cadre de la loi travail ?
Elodie Kerneis, Camille Mevel, Elodie Thiec
L’enquête sur les étudiants, la politique et les militantismes menée auprès des étudiants des universités Paris 8 et Paris 10 et l’UBO Brest vise à décrire le rapport au politique et au militantisme des étudiants. L’hypothèse est que les origines sociales des étudiants influencent leur mobilisation dans le cadre de la loi travail. Nous nous demandons : Comment les origines sociales des étudiants influencent leur mobilisation ? Quel est l’impact familial sur la mobilisation des étudiants ?
Les étudiants ont présenté les résultats de l’enquête au colloque de l’association Anthropologie pour tous le 20 mai dernier. Les actes du colloque sont en cours de publication dans les carnets de oLo.
D’autres travaux ici:
– Les travaux des étudiants de Paris 10 sur le rapport au politique et au militantisme (2016-2017).
– Les travaux des étudiants de Paris 8 et de Paris 10 sur le le logement et l’habitat (2012-2013).
– Les travaux des étudiants de Paris 8 et de Paris 10 sur le le logement et l’habitat (2013-2014).