Archive for octobre, 2008

New York !

Claire Lévy-Vroelant, professeure de sociologie à l’université Paris 8, et actuellement en délégation, était récemment à New York. Elle nous envoie ici une série de « cartes postales » de recherche.

Le thème du voyage était : la ville et ses mémoires.

Travaillant sur les lieux de mémoire de l’immigration à Paris et en particulier sur les hôtels meublés, je souhaitais aborder la manière « américaine » de traiter la question.

Mais New York, c’est d’abord l’émerveillement de la hauteur et de la couleur (photos 1 et 2),

Photo 1 : Vue d'ensembre vers Manhattan

Photo 1 : Vue d'ensembre vers Manhattan

Photo 2 : Près de Times Square

Photo 2 : Près de Times Square

c’est aussi, pour les universitaires, un lieu où il fait bon travailler (photo 3 et 4)

Photo 3 : New York Public Library

Photo 3 : New York Public Library

Photo 4 : Columbia University, des militants démocrates

Photo 4 : Columbia University, des militants démocrates

Recherche oblige, première destination Ellis Island, le port d’entrée de plus de 17 millions d’Européens candidats à l’installation aux États-unis de la fin du 19ème siècle au milieu du 20ème (voir le beau livre de Georges Perec entre autres) : le lieu transformé en musée est magnifiquement mis en scène (voir photo 5 et 6) mais il s’agit de la mémoire blanche intégrée – si je peux me permettre cette expression. Pour reprendre la terminologie d’Halbwachs, les cadres sociaux de cette mémoire lui assurent visibilité, légitimité et puissance.

Photo 5 : Ellis Island : entrée du musée, les bagages des migrants

Photo 5 : Ellis Island : entrée du musée, les bagages des migrants

Photo 6 : Acceptés !

Photo 6 : Acceptés !

Les autres mémoires sont à chercher sur place, à Harlem, dans le Bronx, à Chinatown : les lieux associatifs et culturels y semblent organisés sur la base des « communities ». Leur degré de développement et leurs choix de messages manifestent une mémoire qui se construit différemment (voir photos 7 et 8)

Photo 7 : la mémoire déjà « patrimonialisée » de Little Italy

Photo 7 : la mémoire déjà « patrimonialisée » de Little Italy

Photo 8 : A Chinatown, le futur musée des Chinois-Américains

Photo 8 : A Chinatown, le futur musée des Chinois-Américains

Un tout petit échantillon d’un voyage très riche… en ces temps de crise et d’espoir…

Photo 9 : Un bureau de recrutement pour l’US Army dans le Bronx

Photo 9 : Un bureau de recrutement pour l’US Army dans le Bronx

Photo 10 : devinette

Photo 10 : devinette

Claire Lévy-Vroelant, le 2 octobre 2008

Nicolas Jounin dans L’Humanité

Nicolas Jounin, maître de conférence au département de sociologie de l’université Paris VIII, était interviewé dans L’Humanité le 30 septembre 2008 :
Dans la peau d’un ferrailleur : « Riche de trois années d’enquête, le livre de Nicolas Jounin décrit un travail harassant et une ségrégation ethnique très marquée, » écrit Fanny Doumayrou.

Sur les chantiers de gros oeuvre, jusqu’à 60 % des salariés sont « extérieurs » à l’entreprise donneuse d’ordres : soit intérimaires employés par elle, soit salariés d’une entreprise sous-traitante, eux-mêmes intérimaires en majorité. De quand date cette organisation ?

Nicolas Jounin. Cette gestion de la main-d’oeuvre se met en place lors de la crise des années soixante-dix. Les entreprises du bâtiment sont alors confrontées à une importante baisse de la demande. En parallèle, la loi de 1973 rend les licenciements plus difficiles en imposant une cause réelle et sérieuse, alors que les pratiques étaient très souples jusqu’alors. Et ce, au moment où les salariés s’accrochent plus à leur emploi, avec la montée du chômage. Les patrons du bâtiment réclament alors un contrat de chantier, qui permette de licencier à la fin des travaux, mais ils ne l’obtiendront qu’en 1978. Entre-temps, ils ont trouvé d’autres stratégies, grâce à la loi de 1975 qui stabilise le régime de la sous-traitance, et à celle de 1972 qui légalise l’intérim. Contraints de conserver les salariés qu’ils emploient, leur parade est d’embaucher de moins en moins les gens qu’ils font travailler. Depuis, sous-traitance et intérim se sont fortement développés. Aujourd’hui, les entreprises générales externalisent la moitié de leur activité en chiffre d’affaires vers des sous-traitants qui emploient jusqu’à 75 % d’intérimaires.

Lire la suite de l’entretien avec Nicolas Jounin