Enquêtes hors les murs. Master sciences sociales

Une enquête collective des étudiant·es de M1 auprès des allocataires du RSA accompagné·es en Seine-Saint-Denis (mai 2024)

D’après les données de juillet 2023, on décomptait en Seine-Saint-Denis plus de 82 000 allocataires du RSA, soit plus de 92 000 personnes soumises aux « droits et devoirs » en incluant leurs conjoints ; près de 176 002 personnes étaient « couvertes » par le RSA en comptant les enfants à charge, ce qui représentait 10,7 % de la population, soit le double du taux national et du taux régional (5%).

Dans ce département où l’accompagnement social et professionnel est valorisé dans une approche globale, et où la volonté de se démarquer d’une logique de sanction et de répression est forte, un terme revient très souvent dans les propos des professionnel·les du Conseil départemental structures d’accompagnement : la nécessité de « remobiliser» des allocataires. Les professionnel·les sont en effet confronté·es à un absentéisme et des défections et s’interrogent : pourquoi certaines personnes ne se rendent pas à leurs rendez-vous ? pourquoi n’assistent-elles pas à des formations qui pourraient ouvrir de nouvelles perspectives ? ou à une réunion d’embauche à proximité de chez elles ?

Pour ne pas s’enfermer dans une lecture psychologisante ou morale de ces attitudes l’enquête réalisée par les étudiant·es du Master 1 propose d’analyser ces pratiques au regard des situations d’interaction que créent les dispositifs d’accompagnement, des conditions de vie des allocataires, et plus largement de leurs trajectoires sociales.

Consultez le rapport de recherche : Se « remobiliser » ou s’en sortir ?

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Enquête collective des M1 : Rendre visibles les agent·es des collèges et leur travail (mai 2023)

« Dames de service », « cantinières », « femmes de ménage », « cuisiniers », « gardiens », « concierges », « ouvriers d’entretien », « jardiniers », sont certains des nombreux termes utilisés pour désigner le personnel technique subalterne travaillant dans les collèges, et qui sont regroupés au sein de la catégorie administrative d’« ATTEE » qui désigne les adjoint·es techniques territoriaux des établissements d’enseignement. Ces agent·es sont des figures familières dans le quotidien des élèves et du personnel enseignant et administratif des collèges, mais souvent peu visibles dans les établissements et leurs conditions de travail et leurs trajectoires restent peu étudiées.
Les étudiant·es de M1 et leurs enseignantes sont allé·es à la découverte des conditions de travail et des parcours de ces agent·es dans quatre collèges de la Seine-Saint-Denis, en partenariat avec le Conseil Départemental et présentent les résultats de ce travail collectif « hors les murs » dans ce livret à travers des analyses statistiques, des « portraits » de collèges » fondés sur des observations et des « portraits d’agent·es » basés sur des entretiens.

La première partie traite des parcours professionnels et des mobilités sociales « discrètes » des agent·es. La deuxième partie aborde la question de la pénibilité du travail des agent·es. La partie suivante montre que, face à ces formes d’usure physiques et psychiques au travail, le collectif de travail peut constituer une ressource centrale. Cependant, le collectif peut aussi devenir une source de souffrance de travail. La quatrième partie rappelle que ces emplois d’agent·es sont le plus souvent considérés comme « non qualifiés » et à ce titre peu visibles et peu reconnus. La reconnaissance des savoir-faire est un enjeu constant dans le groupe professionnel. La dernière partie donne à voir comment les agent·es, même quand leur qualification n’est pas pleinement reconnue, et en dépit de la pénibilité des postes, peuvent investir positivement leurs postes de travail et leur rôle d’agent·es des collèges.

Consultez le rapport de recherche : Rendre visibles les agent·es des collèges et leur travail

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Tou·tes dans la cour de récré ? Une enquête des étudiants et étudiantes de M1 dans les cours d’école ouvertes le samedi à Paris, Mai 2022

Chaque année les étudiant·es de master de sociologie et d’anthropologie de Paris 8 réalisent une enquête collective sur un terrain ou un thème commun : cette enquête constitue une formation accélérée et approfondie à l’enquête de terrain tout autant qu’un moment de rencontre et de travail collectif pour un groupe d’étudiant·es en train de se constituer. Pour cette enquête inaugurale au master, nous privilégions des terrains ou thèmes qui permettent d’échanger avec une institution souvent locale (à Saint-Denis ou en Seine-Saint-Denis), en lui proposant un autre regard sur ses pratiques et ses membres ou son public, un regard fondé sur la mise en œuvre des outils de l’enquête en sciences sociales, dont nous faisons le pari qu’il sera utile à cette institution. L’enjeu pédagogique est aussi de montrer aux étudiant·es que l’on peut mener ce type de collaboration sans renoncer à nos savoir-faire et à nos exigences, mais aussi que le travail d’enquête peut produire des résultats en un temps court lorsqu’il est mené collectivement et avec réflexivité. Cela suppose un encadrement important (deux enseignant·es encadrent l’enquête durant un semestre – actuellement Livia Velpry et Yasmine Siblot, en collaboration avec les deux enseignant·es assurant les cours sur les « approches ethnographiques » et les « approches quantitatives » en sciences sociales- Anaïs Leblon en Marie-Paule Couto cette année) ; cela implique une mobilisation et un travail importants de la part des étudiant·es ; mais cela en vaut la peine !

En 2021 nous avons eu la chance, et la surprise, que le Master soit directement sollicité par la Direction des affaires scolaires de la Ville de Paris (la DASCO), afin de réaliser une enquête sur les « cours d’école ouvertes au public le samedi, nouveau dispositif lancé par la Ville de Paris qui s’inscrit dans le développement de la Ville du quart d’heure ». En découvrant ce dispositif, nous avons rapidement été convaincues de l’intérêt de cette opportunité d’enquête et de collaboration pour les étudiant·es. Avec les outils de l’enquête de terrain, ils avaient en outre la possibilité de produire des données et éclairages différents de ceux dont dispose déjà la DASCO, à savoir des décomptes sur la fréquentation (réalisés par les gardiens et suivis par les Circonscription des Affaires Scolaires et de la Petite Enfance, les CASPE) et une enquête de satisfaction par questionnaire suivie par le Pôle Études et Évaluations de la Ville de Paris.

Consultez le rapport de recherche : Tou·tes dans la cour de récré ?

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En première ligne pendant le(s) confinement(s). Une enquête hydro-alcoolisée des étudiants et étudiantes de M1 du Master de Sciences sociales (2020-2021)

Travailler « dehors » pendant le confinement Déstabilisées par la pandémie et après un deuxième semestre universitaire « à distance » chaotique et parfois très éprouvant, nous avons abordé la rentrée de septembre 2020 avec la ferme volonté de reprendre le cours de nos pratiques pédagogiques, fortement axées sur la formation aux sciences sociales par la pratique de l’enquête. C’était décidé, advienne que pourra, nous allions réaliser avec les étudiant·es de première année du Master l’enquête collective devant structurer le premier semestre de ce cursus, en lien avec deux enseignements sur les méthodes d’enquête ethnographiques (assuré par Anaïs Leblon) et sur les méthodes d’enquête quantitatives (assuré par Marie-Paule Couto).

Nous voilà donc fin septembre 2020, dûment masquées ainsi que les 16 étudiant·es suivant cet enseignement, parti·es pour une nouvelle enquête collective. Le thème que nous leur avons proposé était pensé comme un retour sur l’expérience du confinement strict du printemps 2020, mais aussi un moyen d’explorer ses conséquences et plus largement celle de l’épidémie de COVID sur les inégalités sociales, notamment dans le territoire environnant notre université, celui de la Seine-Saint-Denis : il s’agissait d’étudier rétrospectivement les situations et conditions de travail des personnes ayant dû travailler « dehors » pendant cette période d’enfermement domestique et, pour beaucoup, de télétravail, alors que la vie reprenait quasiment « normalement ». Nous avions la double préoccupation de rendre compte de l’exceptionnalité de la période vécue entre mars et mai 2020 mais aussi de l’acuité de ses conséquences sociales dans le département où un cumul de facteurs d’exposition au coronavirus liés notamment au travail mais aussi aux conditions de logement ont rendu la population très vulnérable tant sur le plan sanitaire qu’économique.

Consultez le rapport de recherche : En première ligne pendant le(s) confinement(s)