Rénovations urbaines en Europe

1411374346Agnès Deboulet, professeure de sociologie à l’université Paris 8, a co-dirigé avec Christine Lelévrier l’ouvrage que les Presses universitaire de Rennes publient aujourd’hui : Rénovations urbaines en Europe :
Cet ouvrage analyse les discours, les pratiques et les effets des politiques de « démolition-reconstruction » de logements dans des quartiers populaires centraux. Il interroge le sens de ces rénovations, en particulier pour les habitants concernés, selon cinq axes principaux : le renouvellement de l’action publique, les voies contestées de la concertation, la mixité sociale, le relogement et ses trajectoires et enfin l’évaluation.
Vous trouverez sur le site des P.U.R. plus d’informations, dont l’introduction :

« Rénovation urbaine », la locution n’est pas neutre. Elle est associée à une forme d’intervention urbaine radicale de démolition-reconstruction de logements dans des quartiers populaires que l’on retrouve dans de nombreux pays du monde, au nord comme au sud et à différentes périodes de l’histoire. Le retour de son usage en 2003 pour qualifier un programme national de démolition de 250 000 logements en France a suscité depuis maintenant une décennie de nombreuses interrogations sur le sens de cette action publique. En effet, ces formes de rénovation ont été fortement mises en cause tant par les chercheurs que le monde associatif et une partie de l’échiquier politique, que l’on songe aux percées haussmanniennes à la fin du xixe siècle à Paris, ou aux interventions qui ont transformé entre les années 1930 et 1970, de nombreux quartiers ouvriers de villes européennes et américaines (Le Garrec, 2006). Les critiques de ces politiques qualifiées de « table rase », de rénovation « bulldozer » (Kirszbaum, 2008) aux États-Unis, de rénovation « au couteau » à Berlin (Bernard, 2006), ont porté avant tout sur les conséquences sociales et le traumatisme pour les populations : déplacement des populations pauvres, réinvestissement par d’autres types d’activités et par des populations plus aisées, destruction de liens sociaux et de la vie des quartiers ouvriers … (Gans, 1962 ; Coing, 1966). Certes, le sens, le contexte et les modalités d’intervention des années 2000 n’ont pas grand-chose à voir avec ceux de la fin du xixe ou des années 1960. Il ne s’agit plus tant de détruire des logements dégradés et insalubres, que de « diversifier » l’habitat dans ces quartiers pour introduire une plus grande mixité sociale en tentant de contrecarrer la formation redoutée de « ghettos » (CES, 2013). Mais…
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