Charles Soulié, maître de conférences au département de sociologie de l’université Paris VIII, a co-dirigé, avec Christophe Charles, un ouvrage collectif : Les ravages de la « modernisation » universitaire en Europe aux éditions Syllepse.
Depuis plus de vingt ans, et en particulier depuis la déclaration de Bologne, la transformation des universités en Europe rassemble des hommes politiques de bords opposés et un petit nombre des universitaires qui en tirent partie. Les résultats ont pourtant tout pour inquiéter : imposition de recettes à peine adaptées des entreprises, exagération sans mesure des exigences de la professionnalisation, sélectivité accrue, concurrence entre établissements, hiérarchisation entre universités, obsession pour la rentabilité financière de l’investissement éducatif, sans oublier la précarisation des statuts d’enseignants et de chercheurs.
La comparaison conduite par des universitaires d’origine géographique différente montre l’inspiration néolibérale partagée qui hante les initiatives en apparence éclatées (à l’exemple de la récente loi française sur les libertés des universités). Le modèle universitaire privé nord-américain qui se heurte aux conditions spécifiques de chaque pays n’est pas exportable. Il favorise, au contraire, un véritable renversement de la table des valeurs académiques.
Ce diagnostic informé d’enseignants qui croient encore aux vertus critiques du savoir laisse crûment apercevoir les illusions et les faux débats du discours officiel ambiant.
Ont aussi contribué à cet ouvrage Frédéric Neyrat (université de Limoges), Jean-Luc Primon (université de Nice), Christian Galan (université de Toulouse), Brice Le Gall, EHESS).Chris Lorenz (université d’Amsterdam), Jürgen Schriever (université Berlin), Stephanos Pesmazoglou (université Athènes), Cecile Deer (Oxford), Ana Rioja (université Madrid), Marcos Pitzalis (université de Cagliari), Shigeru Okayama (université Waseda).