En 1987, à la suite d’un atelier d’enquête dirigé par Ingolf Diener, les éditions interculturelles publient un annuaire commenté du mouvement alternatif. Il est reproduit ci-dessous.
Lire la brochure : Sur la piste des alternatifs (PDF)
Voici, en accompagnement, une contextualisation écrite par Ingolf Diener :
La nouvelle demi-mineure Pratique d’enquête, annuelle, se déroule en trois temps :
- au 1er semestre, on prépare son enquête de terrain personnelle : on s’inscrit donc dans un des trois cours ainsi intitulés avec stage à la clé, et on prend connaissance des enquêtes des autres (intitulé du 2e cours à suivre) ;
- Puis on fait le terrain (une semaine de stage) ;
- On passe le 2e semestre à écrire son terrain.
C’est au titre d’une enquête des autres que j’ai présenté un travail mené il y a un quart de siècle avec des étudiants de Paris 8, dont le résultat se lit dans la brochure Sur la piste des Alternatifs (1986, Paris, Éditions Interculturelles), reproduite ci-dessous. Quel intérêt de la republier aujourd’hui ?
La démarche, du choix du thème au produit fini, est rendue explicite étape par étape. Le produit est basé sur un travail de terrain d’étudiants et son traitement par eux.
Pour les 40 ans de Vincennes, cela tombe bien : un document traduisant bien le souci de recherche-action, assez largement partagé à l’époque et consistant à « lier le travail pédagogique d’un cours universitaire à l’intervention hors-université dans le but de transformer cet extérieur…un peu. » (p.5). Le travail intellectuel se veut implication dans les luttes en cours : implication comme méthode d’apprentissage et d’étude tout comme genre de restitution. L’évaluationnite gestionnaire style LRU n’était pas encore au poste de commande. Et n’y restera pas forcément.
Au-delà de l’aspect méthode, quelle actualité un quart de siècle plus tard ? Dans la rétrospective, c’est le côté anticipation qui émerge. Nombre de projets recensés ont fait naufrage, d’autres ont muté. Il reste que l’alternatif d’avant-hier est aujourd’hui souvent pratique courante. Du Mouvement de Défense de la Bicyclette au Vélib parisien, préfiguré à Lyon, Chambéry…, ou encore du bouffeur de carottes hirsute au bio s’affichant ces jours-ci dans le métro en passant par les Grenelle de l’environnement, les alternatives d’antan s’avèrent, après coup, bancs d’essai de changements sociaux voire sociétaux.
La forme concrète du faisceau alternatif, dans tant et tant de domaines, est celle d’un moment donné, la première moitié des années 80 dans notre cas. Aujourd’hui, il inclurait logiciels libres, consom’acteurs, production/distribution d’électricité de source ni fossile ni nucléaire, vieillir autrement…. La démarche consistant à mesurer le capitalisme à l’aune de ses propres promesses de bonheur non tenues, de mettre en avant des possibles censurés, et de s’y mettre pour ne pas en rester là, elle n’a pas pris une ride. Le courant alternatif passe toujours.
Ingolf Diener