Celia Bense Ferreira-Alves a effectué sa thèse, à l’université Paris 8, sous la direction de Henri Peretz. Un livre, basé sur cette thèse, a été publié le mois dernier par les éditions « Aux lieux d’être » : Précarité en échange, Enquête sur l’implication au travail.
Elle nous écrit :
Cet ouvrage est issu de la monographie d’un théâtre élaborée dans le cadre de la rédaction d’une thèse de sociologie soutenue en décembre 2005.
Il s’appuie sur une partie des résultats obtenus et issus de l’analyse des différents participants au fonctionnement de ce théâtre afin de mettre l’accent sur les ressorts de leur implication dans le fonctionnement de l’organisation.
Les divers personnages, leurs rôles sociaux, leurs parcours et toute l’épaisseur de leurs interactions sont décrits dans leurs situations spécifiques. Cependant, parce que celles-ci sont sans cesse mises en relation avec d’autres situations de travail dans des mondes forts éloignés, cette étude permet de donner au processus d’implication tel qu’il est décrit une portée bien plus générale. Ainsi, au coeur de l’implication dans une entreprise renommée, productrice de biens et de services artistiques, se trouve la valorisation du statut rendue possible par l’obtention de biens symboliques au travers, à la fois, de l’établissement de relations personnelles avec un leader charismatique et de l’exercice quotidien des différents faisceaux de tâches. La prégnance de la valeur symbolique du bien ou service artistique agissant en permanence sur la définition des conditions de travail à laquelle les participants procèdent.
Celia Bense Ferreira-Alves : Précarité en échange, Enquête sur l’implication au travail
Résumé de l’ouvrage
Raoul et Dylan sont acteurs, Alex est metteur en scène, Pascal régisseur, Isabelle habilleuse, Gérald et Ugo placeurs. Dans ce théâtre, ils sont cadres, techniciens, employés ; permanents, intermittents ou vacataires ; participants de longue date, ou ne faisant que passer. Tous travaillent pour qu’existent des spectacles exigeants et régulièrement auréolés de succès. Mais derrière la scène se joue au quotidien un autre drame, dont le canevas est partagé par toute entreprise productrice de biens et de services. Quels sont les ressorts et les motifs de l’implication au travail ? Pour quelles raisons souhaite-t-on se maintenir dans une organisation donnée ? Et quel prix chacun est-il prêt à payer pour cela ? En échange de leur participation à une entreprise à l’image gratifiante et de la fréquentation d’un patron charismatique, certains consentent en effet à une situation d’emploi instable et limitent leur possibilité d’accéder à un emploi de meilleur niveau. En suivant sur le long terme la vie de ce théâtre, Celia Bense Ferreira Alves s’est employée à dévoiler les tenants du jeu complexe qui, au-delà des contraintes du marché de l’emploi, lient entre eux les membres d’une organisation et les font adhérer à son style de fonctionnement. Au risque, pour certaines catégories de personnel, d’une précarité masquée par la valeur accordée dans notre société à certains biens symboliques.Un livre publié par les éditions Aux Lieux d’être (ISBN : 2916063196)
L’auteur : Celia Bense Ferreira Alves est sociologue. Chercheuse associée au Groupe de recherche sur l’éducation, le travail et les institutions (GETI), elle enseigne à l’université Paris 8 Vincennes.
Voici ce qu’en dit Libération :
La promo du mois – Honneur et précarité – Par Stéphanie PLATAT
QUOTIDIEN : lundi 11 décembre 2006
Précarité en échange. Enquête sur l’implication au travail, Celia Bense Ferreira Alves, Aux lieux d’être, coll. «Mondes contemporains», 244pp., 19,50 €.C’est l’histoire du théâtre du Cercle, et surtout, de ses employés. De l grande figure du directeur-metteur en scène, Alex Meadow, au serveur d restaurant de 30 couverts. Celia Bense Ferreira Alves a décortiqué e analysé pendant cinq ans le fonctionnement d’un théâtre, qui ressembl finalement à tous les établissements de spectacle vivant de France, pour montrer jusqu’où les salariés sont prêts à aller en échange d’un travail a côté d’un personnage charismatique et dans un lieu fascinant. «Une incertitude élevée dans l’exercice de la profession, une production principalement organisée par projets de courte durée, une relation de travail éphémère et non routinière entre employeur et employé, une demande d’emploi supérieure à l’offre» : voici résumée la définition d’un emploi dans un théâtre. Ils sont trois à tenir les rênes du théâtre, mais c’est autour d’Alex Meadow que tout s’organise. C’est pour lui que les acteurs sont prêts à faire de petites croix sur leurs ambitions salariales et leur sécurité professionnelle.
Explication de Celia Bense Ferreira Alves, sociologue : «Le caractère unique et secret de toute production associé au processus de sélection des acteurs conduit ceux-ci à être redevables à Alex Meadow de leur élection.» C’est également pour avoir l’honneur de travailler avec le directeur que l’armada des coulisses renonce à un travail stable et au CDI. Exemple type : celui de Ludovic, qui a commencé comme stagiaire au Cercle et dont les CDD de régisseur général sont toujours renouvelés. (…)
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Le Compte-rendu de Marlène Benquet sur liens-socio est plus développé :
L’ouvrage de Celia Bense Ferreira Alves Précarité en échange : enquête sur l’implication au travail, porte sur les types d’engagement au travail des différents individus impliqués dans la production de représentation théâtrale.
Refusant d’expliquer l’implication au travail comme l’effet mécanique de la pression exercée par le marché sur des salariés anxieux de perdre leur emploi, l’auteur tente, en exhibant les motifs intrinsèques à l’organisation du travail et aux interactions s’y déployant, de répondre à la question : comment maintient-on sa participation au fonctionnement d’une organisation ? Quelles sont les raisons du consentement à la réalisation de tâches prescrites en vue de la satisfaction d’un but commun ? (…)
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