Atelier « Formes de catégorisation de la France contemporaine »
Olivier Louail et Nicolas Jounin
Le cours « Formes de catégorisation de la France contemporaine » est un des enseignements fondamentaux de la licence de sociologie.
Dans le cadre des décisions de l’assemblée générale du département sur la possibilité de délivrer des contenus « gratuits » (c’est-à-dire sans validation associée), nous proposons quelques séances reprenant les principaux points de ce cours.
Ces séances sont ouvertes à toutes et tous, en salle B332.
Vendredi 15 mai, 14-17h : les deux sources de la statistique publique (l’exemple de la mesure des grèves)
L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) dispose de deux sources pour mesurer les catégories et phénomènes sociaux : la source administrative, et la source enquête. Des chiffres du chômage à ceux de la délinquance, l’existence de ces deux sources génère toujours un décalage, et des polémiques.
Nous explorerons dans cette séance le cas de la mesure des grèves en France. En essayant de répondre à une question : comment et pourquoi ont-elles été toujours sous-estimées par la statistique publique ?
Mercredi 20 mai (et non vendredi en raison de l’ascension), 14-17h : les mécomptes du chômage
S’il y a bien un « chiffre » qui fait débat, c’est celui du chômage. Mais c’est un débat récent : il y a plus d’un siècle, on ne songeait même pas à mesurer le chômage.
Sur cette question, il faut faire le récit de deux batailles. La première porte sur la définition du chômage. La seconde sur les outils susceptibles de le mesurer au mieux avec, encore, cette distinction entre source administrative et enquête.
Vendredi 29 mai, 14-17h : les catégories socioprofessionnelles, histoire et définitions
En 1951, l’INSEE commence à classer les individus selon leur « catégorie socioprofessionnelle ». Pourquoi « socioprofessionnelle » et pas « sociale » ? Le créateur de la nomenclature répond : « La gauche aurait estimé que ce n’étaient pas de vraies classes sociales, et la droite aurait crié au contraire que c’étaient des classes sociales. Tandis qu’avec ‘‘socioprofessionnel’’, personne n’a rien dit. »
La nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) est l’héritière de différentes traditions sociologiques et statistiques, et le résultat d’un compromis politique. Comme elle est utilisée partout, du recensement de la population au moindre sondage sur les dentifrices, il importe de comprendre comment elle a été construite.
Vendredi 5 juin, 14-17h : sans-papiers, étrangers, immigrés, définitions et enjeux de leur « capture » statistique
A partir d’un discours de Brice Hortefeux qui lui aurait valu zéro si nous n’avions pas adopté le principe de validation exceptionnelle, nous explorerons les limites de la statistique publique lorsqu’elle prétend mesurer l’effectif d’une population à qui l’Etat ne reconnaît pas le droit d’être là, c’est-à-dire les « sans-papiers ».
Nous remonterons ensuite aux définitions d’étrangers et d’immigrés, en cherchant à comprendre pourquoi l’INSEE a voulu distinguer les seconds des premiers, en 1990.
Vendredi 12 juin, 14-17h : le sexe de la statistique publique
Les outils statistiques ne sont pas du genre neutre. Sur plusieurs sujets, ils ont desservi ou desservent encore la représentation de la situation des femmes. On abordera deux exemples :
– la mesure de la pauvreté (en particulier des « travailleurs pauvres »)
– les catégories socioprofessionnelles