Actualités des enseignants Archive

Jean-François Laé sur Public-Sénat

Jean-François Laé, professeur de sociologie à l’université Paris 8, était invité dans l’émission Bouge la France sur la chaine Public Sénat le 20 mai 2008. Le livre n’avait pas été lu par le journaliste et l’invité tombe désarmé, rires aux dents (un genre fréquent dans certaines émissions).

Jean-François Laé sera aussi l’invité de radio libertaire mardi 27 à 18h, dans l’émission Idéaux et débats « Des mots, des maux… »

Sociologie des classes moyennes : un livre de Serge Bosc

Serge Bosc, professeur agrégé de sciences sociales au département de sociologie jusqu’en 2005, vient de publier, aux éditions La Découverte, dans la collection « Repères », Sociologie des classes moyennes

Cadres, petits entrepreneurs, enseignants, fonctionnaires, employés de bureau, etc., tous, à un titre ou à un autre, peuvent se prévaloir de l’appartenance aux « classes moyennes ». L’expression, à la différence d’autres appellations (bourgeoisie, classe ouvrière), ne peut être associée d’emblée à un ou des groupes sociaux précis. Pourtant, les classes moyennes constituent aujourd’hui un pôle important de la société. Cet entre-deux à géométrie variable renvoie, plus qu’à des attributs « moyens » comme le revenu, à une constellation de profils sociaux, certains peu visibles, d’autres pourvus d’une identité forte.
Cet ouvrage présente un parcours sociohistorique des glissements sémantiques du terme et du déplacement de son centre de gravité avec l’essor des « cols blancs », une description de leurs différentes composantes, l’évocation des problématisations successives dont elles ont été l’objet en relation avec les transformations socioéconomiques et culturelles. Il se clôt sur une question d’actualité : les classes moyennes sont-elles en crise ?

Table des matières

La vie de chantier… Nicolas Jounin dans Sciences humaines

sciences-humainesLe magazine Sciences Humaines consacre ce mois-ci un article au livre de Nicolas Jounin, maître de conférences au département de sociologie de l’université Paris VIII,Chantier interdit au public :

La vie de chantier. Entre discriminations et précarité
par Catherine Halpern
Un sociologue se fait embaucher comme intérimaire dans le bâtiment. Son enquête montre comment s’établit sur fond de précarité une hiérarchie raciale de la main-d’œuvre.
Un «?petit Français?» manœuvre sur un chantier, voilà qui détonne?! C’est l’expérience que fait le sociologue Nicolas Jounin quand il décide de devenir intérimaire et de faire de l’observation participante pour son enquête sur les travailleurs du bâtiment de la région parisienne.
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Poste 19MCF0442 : classement

Réunie ce 14 mai 2008, la commission de spécialistes de la section 19 du CNU, Université Paris 8, a classé, sur le poste 19MCF0442 « Sociologie et démographie », les candidats suivants :
1- Velpry, Livia
2- Avril, Christelle
3- Peugny, Camille
4- Roupnel, Manuella
5- Malochet, Guillaume
Ce classement doit encore être validé par le conseil d’administration.

Poste 19MCF0442 : sociologie et démographie

Réunie le 6 mai 2008 à l’université Paris 8, la commission de spécialistes de la section 19 du CNU a retenu, pour l’audition, les candidatures de :
RECTIFICATION D’HORAIRES
Peugny Camille – 9h
Roupnel – 9h30
Velpry Livia – 10h
Tribess Andrea – 10h30
Malochet Guillaume – 11h
Le Van Charlotte – 11h30
Avril Christelle – 12h

Les auditions auront lieu le 14 mai 2008, entre 9h et 13h, en salle B336.

Durée : 30 minutes (15 minutes d’exposé oral, puis questions)

Composition de la commission

Note : la salle **n’est pas** équipée pour l’utilisation de transparents ou de présentations vidéo.

Rapports de la commission de spécialistes : les candidat-e-s (auditionnés ou non) ont le droit de demander copie des rapports écrits de la commission de spécialistes. Celles et ceux qui le souhaitent doivent contacter le président de la commission, M. Jean-François Laé, de préférence par écrit : Jean-François Laé, Département de Sociologie, Université Paris 8, 2 rue de la Liberté, 93526 Saint-Denis Cedex.

Carte :

Jean-François Laé sur France-Culture

Jean-François Laé, professeur de sociologie à l’université Paris VIII, est aujourd’hui l’invité de Sylvain Bourmeau dans La suite dans les idées, sur France-Culture (mardi 29 avril 2008, 11h). Il y parlera de son dernier ouvrage : Les nuits de la main courante (Paris, Stock, 2008).

Vacances sociologiques

Le dernier livre de Jacques Siracusa, maître de conférences au département de sociologie, vient d’être publié par les Presses universitaires de Vincennes : Vacances sociologiques. Enseigner la sociologie à l’université, Coll. « Culture & Société », PUV, 2008

Vacances sociologiques Jacques SiracusaL’auteur, maître de conférences depuis une dizaine d’années, décrit son apprentissage du métier et ses conditions de travail. Il s’intéresse ensuite aux manières d’évaluer et de s’exprimer dans la discipline. Interrogeant l’absence de standards de correction, les pratiques coutumières, la valorisation des moyens d’expression acquis, scolaires et inappropriés, il pointe et critique des vacances de l’enseignement sociologique. A partir de son expérience, en exposant ses réponses ou ses échecs, l’auteur parle de difficultés qu’il n’est pas coutume de rendre publiques.

Nicolas Jounin à la radio (suisse)

Radio Suisse RomandeNicolas Jounin, sociologue et maître de conférence au département de sociologie de l’université Paris 8, est invité de l’émission Rien n’est joué de la Radio Suisse Romande, jeudi 24 avril 2008 :

Le quotidien d’un chantier
Lydia Gabor analyse, avec le sociologue Nicolas Jounin, la vie d’un chantier.
Chercheur et maître de conférences en sociologie, il est l’auteur de « Chantier interdit au public« , Editions La Découverte.
Le secteur de la construction a souvent défrayé la chronique, mais derrière les éclats des réalisations grandioses, des  » affairesâ?? judiciaires, des faits divers tragiques, le quotidien du travail des chantiers demeure obscur.
C’est ce quotidien qu’explore le livre de Nicolas Jounin
L’auteur, qui s’est immergé durant une année dans le monde du béton armé parisien, en tant qu’ouvrier, retrace ici l’itinéraire de son enquête.
Au fil des expériences et des rencontres, il expose les conditions d’emploi et de travail liées au recours croissant à la sous-traitance et à l’intérim: pratiques illégales d’employeurs, contradictions pesant sur la sécurité au travail, recours massif à une main-d’Å?uvre étrangère fragilisée et parfois sans papiers, racisme et discriminations…
L’enquête ébranle au passage certaines idées reçues
Beaucoup de précaires ne sont pas instables; les sans-papiers ne travaillent pas forcément au noir; les règles de sécurité ne protègent pas toujours les ouvriers…
Elle témoigne également des résistances des travailleurs concernés. S’ils s’affrontent rarement à leurs employeurs, ils entretiennent en revanche une révolte souterraine qui peut menacer à l’occasion les constructions et contraindre les employeurs à mettre en Å?uvre des aménagements.
L’implication physique de l’auteur dans son enquête permet une restitution fine des situations rencontrées et offre une immersion impressionnante dans cet univers méconnu du bâtiment.

Rien n’est joué (site de l’émission)
page de Nicolas Jounin sur le site du département de sociologie

Les nuits de la main courante

Les nuits de la main couranteLes éditions Stock publient ce mois-ci Les nuits de la main courante de Jean-François Laé, professeur de sociologie à l’université Paris 8.

Jean-François Laé est notamment l’auteur de Travailler au noir (Paris, Métailié, 1989), L’Instance de la plainte. Une histoire politique et juridique de la souffrance (Paris, Descartes et Cie, 1996), L’ogre du jugement. Les mots de la jurisprudence (Paris, Stock, 2001). Plusieurs articles sont disponibles en texte intégral sur sa page sur le site du département de sociologie.

Couverture et quatrième de couverture des Nuits de la main courante [PDF]

Jean-François Laé a accepté ici de publier quelques pages de l’introduction :

Écrire en un mot

Comment lire une main courante ? La question est difficile et l’issue incertaine. À la première lecture, l’impression d’éclat est telle, qu’elle nous bouscule immédiatement. On n’y voit goutte. Les faits et gestes notés là sont si brusques qu’on se demande s’ils sont vrais. Présentés de manière si fragmentaire, des cas, des événements, des scènes surgissent à l’improviste, dans une discontinuité inouïe. Écrits à la volée, dans une langue usuelle, ces brefs moments de vie apparaissent en toute sécheresse, et quand bien même le sens frappe à la porte, c’est par le reflet d’une réalité féroce qu’ils nous parviennent.

Puzzles de paroles, intervalles de temps, sauts et ruptures : cette hétérogénéité peut décourager la lecture. Or, il faut prendre patience, lire les mains courantes pour ce qu’elles sont, des textes brisés, hachés menus et à la va-vite, parce qu’ils n’ont pas grande importance. Il faut accepter leur aspect lacunaire, s’écarter du modèle juridique, car ce ne sont ni des plaintes judiciaires, ni des signalements officiels. Ils surgissent d’une zone de frottement entre des regards professionnels et des personnages dont on détaille les intentions, les gestes et les manières. Ce sont aussi des écrits d’accomplissement, ils mettent en lumière des situations qu’on ne cesse de « se refiler » à trois ou quatre professionnels : « Faites passer. » À la fin de chaque mois ils seront classés, souvent détruits. Hors du temps de l’action, ils perdent toute consistance, hors du lieu de l’agir, ils sont hors d’usage.

Ces écrits ne trouvent aucun aboutissement, si ce n’est la fin du service de nuit pour le lendemain, la fin d’une visite à domicile, la fin d’un accouchement, la fin d’une tournée. Une fois l’action achevée, ils sont sans conséquence, sans résultat, sans suite, dans le sens judiciaire du terme. L’affaire est abandonnée. Il n’y a d’ailleurs pas d’affaire. Un simple événement s’est produit. Il n’y a pas lieu de poursuivre plus avant. Ce sont des écritures du « non-lieu », si ce n’est certaines d’entre elles qui seront reprises pour alimenter quelques rapports officiels, comme la visite à domicile. C’est la raison pour laquelle les manuels de méthodologie sont fort peu diserts sur ce bas de l’échelle des indices. Nul besoin de s’y arrêter, ce ne sont que des documents dégradés, les prescriptions des métiers suffisent à se faire une idée de l’activité professionnelle. Du point de vue des institutions de même nature, il n’y a rien à voir dans ces cahiers que banalité sans intérêt.

Si l’on dépasse la définition réservée à la police – cette idée de notation de déclaration, à la demande de plaignants, servant de prémisse à d’éventuelles suites –, la main courante rassemble une multitude d’écritures de métiers. C’est bien l’exercice d’écriture, à plusieurs professionnels, qui retiendra ici notre attention, comme chez ces « employés aux écritures » du début du xxe siècle, qui servaient de « petites mains » à des tâches plus nobles, comme celles du banquier ou du juge de paix, de l’huissier ou du contrôleur de l’impôt. La main est le symbole de l’autorité, mais la main courante, elle, évoque le subalterne, le clerc qui, d’aplomb devant « l’homme debout » (meuble, pupitre), note, recopie, réécrit, pour fonder des actes officiels. Il fait des « actes », son écriture est loi. Or, il est des écritures qui ne font pas loi. Elles déroulent des singularités, oscillent entre suspens et décision non advenue. À la suite de travaux stimulants qui nous ont précédés, nous ouvrirons ce sous-sol des écrits hésitants et désordonnés.

Écriture modeste

Que surviennent un défaut dans la main courante, une erreur ou un oubli, ils n’entraîneront ni réprobation morale ni poursuite administrative. Parce qu’elle relève de cet espace protégé de l’entre-nous professionnel, on peut y laisser flotter la mesure et les indices fragiles. Parce que les mots se débattent, ce n’est pas une évaluation. Parce que la fièvre monte, l’écrit se démène comme il peut, sans chercher une fin immédiate. (…)

C’est dire combien l’acte d’écriture est modeste, d’aspect anodin, une activité assez ennuyeuse, rébarbative, un petit sacrifice auquel on ne peut échapper : noter la énième piqûre administrée, l’éternel contrôle, la dernière consigne pour le collègue du soir… Le cahier de liaison, le journalier sont comme des tracés de surface pour ceux qui y mettent la main. « Ce n’est pas le principal ! », s’exclament en cœur les auteurs. Il y a des choses plus intéressantes à faire. Cet humble moment d’écriture, qu’il soit du matin ou du soir, est une corvée à laquelle ils cèdent parce qu’il faut bien consigner, travailler en équipe, rendre un peu des comptes, énoncer de temps à autre quelques problèmes. L’exercice est bien une obligation qui prend quelques minutes avant de quitter son poste ou le chevet d’une personne.

L’anodin tient aussi aux objets quelconques décrits, la poubelle qui brûle ou la serpillière, le linge des langes ou le sac à vêtements, la boîte de cassoulet ou la bouteille de Ricard interdite d’entrée dans l’entreprise, une bande de contention ou un thermomètre… Extrêmement descriptives, les notations vont de bobos en médicaments, de l’allure des personnes à leurs paroles, d’un lit à une chaise roulante, de l’usure du corps ou de celle du matelas. De lit en lit, des sentiments affleurent. Tout cela se mêle allègrement à des listes, des décomptes, des heures, des adresses, des noms, des ras (rien à signaler) à n’en plus finir. Puisque leur destin est de ne pas être lus par des curieux, ce sont des brouillons « entre nous », indigènes.

Nous voilà prévenus, nous ne devions pas lire ces lignes, elles ne nous étaient pas adressées. Elles sont une sorte de journal mitoyen d’un collectif professionnel, sans droit de regard, et une fenêtre ouverte sur une réalité parfois brutale. Alors pourquoi décider de les lire ? Parce que ces écritures se logent dans le régime tacite des gestes prodigués à autrui, dans une relation de service liée aux personnes. Elles révèlent qu’une relation d’aide implique des incidents, des débordements sur un lieu frontière fait d’affrontements sourds. Comment se mène une action dans l’intimité d’autrui ? Comment s’approcher et se tenir à distance ? L’écriture serait-elle un garde-fou ? Aurait-elle un rôle d’amorce, celui de revêtir le vêtement professionnel afin d’approcher, de toucher ou d’éloigner les corps ? Est-elle faite pour vaincre les résistances qui ne manquent guère de se manifester ? Est-ce un point de passage obligé pour passer du désordre à l’ordre ?

(…)

Un dispositif de contrôle réciproque

On ne tarde pas en feuilletant le cahier à constater sa force. L’impératif de sécurité et de surveillance y préside. La prudence veut que l’on consigne les actes effectués, non seulement pour avoir une mémoire de ce qui s’est fait hier, mais aussi pour contrôler la bonne réalisation du travail et, mieux encore, pour en coordonner l’action. Ne pas prendre de risque inutile, adapter sa réaction à l’inattendu, faire montre de jugement, signaler le danger à bon escient, dans de nombreuses situations, la sécurité présente une véritable polysémie. Car l’écriture peut être l’antidote à la violence et à la faute grossière. Que la prescription d’une dose de médicament soit mal retransmise, qu’une décision soit contredite le lendemain, qu’une règle pratique soit contrariée, et le désordre s’installe dans le service. L’écriture est synonyme de continuité : enchaînement, prolongement ou reprise de l’action du service. Veille et permanence supposent persévérance. Parce qu’il faut rendre compte par écrit, l’exaspération – qui sourd parfois – est contenue par ce cadre contraignant, la puissance compensée par les limites de la retransmission à un collègue. C’est pourquoi la main courante agit au-delà d’elle-même. Elle rétroagit sur les absents. Elle bride la rude énergie et désamorce la provocation et la colère. Suivant le métier exercé, elle sert à la bonne entente ou inspire la nécessité de la paix. Disons-le, les espaces institutionnels sont couleur de conflits. Que des chocs surgissent, et la main courante se lève pour les aplanir. Elle témoigne néanmoins de la forte incertitude qui pèse sur l’action en situation d’aide.

Bien des agents éprouvent un profond sentiment d’émiettement et d’isolement dans leurs activités au jour le jour. Dans le travail en institution d’hébergement où le labeur nocturne s’impose, que ce soit à l’hôpital ou en centre d’accueil, chez les gardiens hlm ou en foyer, dans le travail policier ou à travers la charge de celui de superviseur de service, il est courant que des professionnels ne se rencontrent pas d’un mois à l’autre. Tout au plus se croisent-ils dix minutes. Dès lors, comment réduire cette distance et ce sentiment de solitude ? Et comment échanger ? Les traces consignées dans le cahier avec la réunion de service formeront ce dispositif de réciprocité. Pour produire un sentiment d’équipe, une assurance pragmatique se réalise au fil des lignes lues par tous. Pour atténuer les luttes larvées et les rivalités, ce dispositif résorbe les tentations de brutalité et d’intolérance. Les événements dispersés, repris dans la main courante, permettent une information synthétisée, rafistolée. En quelques minutes, les fils de la journée ou de la semaine seront tirés pour l’essentiel en un bilan rapide semblant faire cohésion. Malgré la brièveté des instants notés, leur insignifiance parfois, le cahier engage une sorte de permanence. C’est un réservoir de gestes et d’expériences qui requiert une écriture courante, rapide, automatique, de précision et d’humeur parfois. Parce que les mains courantes s’enregistrent de façon presque machinale, bien des gestes y sont dits sans justification. Or, notre lecture va consister à lever cet « allant de soi », à lire le code sous l’habitude ; bref, à interroger le sens d’une poignée de métiers au quotidien.

Les six extraits de mains courantes étudiés ici concernent des relations de services d’aide aux personnes. Qu’est-ce qu’une relation de service d’aide ? C’est un exercice dans lequel s’impose la co-présence d’autrui, une attention à la personne en qualité de bénéficiaire d’un traitement qui touche souvent à son corps (à ses droits, son intimité, son expression, sa détresse, son for intérieur) ou qui a sur elle des conséquences. La relation de travail d’aide tient compte d’une présence qui est codifiée, le locataire ou le bénéficiaire d’une prestation, l’handicapé, la femme enceinte, ou l’homme sans logement qui vient avec son problème et qui est enjoint de le décliner. C’est dire la présence des personnages de Erving Goffman : le pensionnaire, le détenu, l’hospitalisé, le résident, l’interné, pour lesquels l’auteur bâtit la notion de relation de service, avec des professionnels qui s’approprient les lieux (les couloirs, les chambres, les escaliers) et des résidents qui agissent sur les relations (adaptations secondaires, mise à distance, manipulation des impressions). Ils se rassemblent sous la figure de l’intrus qui dérange sans cesse le service.

Lorsqu’une personne fait l’objet d’une attention professionnelle, les interactions forment vite un désordre. La co-présence de l’intrus fait dériver l’action. Sans doute est-ce cela qui définit une relation d’aide. « C’est le bazar », entend-on. Car les sujets écornent sans cesse les objectifs affichés, changent l’ordre, défont les règles, déséquilibrent le temps et les lieux. Si l’on traverse le miroir de l’écrit, des existences surgissent pour arriver jusqu’à nous. Du bout d’un couloir, une silhouette se dessine, on la voit venir et s’approcher, alors même que l’écriture veut la maîtriser. Paradoxalement, les efforts d’éloignement nous la rapprochent. On sent la vie, l’inquiétude, le singulier, la peur, l’intime. Une brèche s’ouvre. On voit quelques mouvements des hommes et des femmes, un déplacement, une prise de parole, un engagement ; parfois quelqu’un se défile, une résistance se forme sous des représailles.

Pour en savoir plus: Page « Jean-François Laé » sur le site internet du département de sociologie de l’université Paris 8, présentation du livre Les Nuits de la main courante sur le site des éditions Stock.

Nicolas Jounin sur RFI

Nicolas Jounin, maître de conférences au département de sociologie de l’université Paris VIII, est l’invité de l’émission Signes particuliers sur RFI le mercredi 9 avril 2008.

Présentation
Nicolas Jounin appartient à une nouvelle race de sociologues pour qui l’observation de la société se fait « sur le terrain ».
Maître de conférences en sociologie à l’université Paris VIII, il a travaillé une année durant sur des chantiers du bâtiment, dans la région parisienne, se faisant passer pour un manœuvre. Il a œuvré dans le secteur de la ferraille qui sert à « fabriquer » le béton armé. D’ailleurs, il est sans doute le seul sociologue qui a suivi une formation de ferrailleur dans le bâtiment …
Dans Signes Particuliers, Nicolas Jounin parle avec simplicité, de la vie sur un chantier et des relations entre ceux qui y travaillent.
Il a écrit : « Chantier interdit au public, enquête parmi les travailleurs du bâtiment » aux éditions La Découverte.

Par ailleurs le site nonfiction.fr propose un compte-rendu critique de Chantier interdit au public : Déconstruire le BTP, rédigé par Mathias Waelli. Extrait :

en prenant appui sur son expérience et celle de ses collègues, Nicolas Jounin analyse l’institution de la sous-traitance en cascade et la gestion raciste des embauches comme des instruments de subordination, permettant à la fois de mobiliser la main-d’œuvre et d’en limiter le coût. Sans céder au misérabilisme, l’auteur nous plonge dans un quotidien peu engageant, fait de précarité, d’humiliations, d’insécurité. Le livre est dur.

Pour en savoir plus… la page de Nicolas Jounin donne accès à sa bibliographie et à quelques émissions de radio.

Delphine Gardey sur France Culture (bis)

En direct le mardi 1er avril 2008 (de 11h à 12h) l’émission de Sylvain Bourmeau, La Suite dans les idées, invite Delphine Gardey, maîtresse de conférences au département de sociologie de l’université Paris 8. Elle y parlera de son dernier ouvrage : Ecrire, calculer, classer : comment une révolution de papier a transformé les sociétés contemporaines (Paris, La Découverte, 2008).
L’émission est écoutable en ligne sur le site de France Culture.

Le prestige des professions

Le prestige des professions et ses faillesRégine Bercot, professeure de sociologie à l’université Paris VIII, publie ces jours-ci Le prestige des professions et ses failles. Huissiers, chirurgiens et sociologues avec Alexandre Mathieu-Friz :

Régine Bercot et Alexandre Mathieu-Fritz, Le prestige des professions et ses failles. Huissiers, chirurgiens et sociologues. edition Hermann, collection Société et pensées.

Il est des activités professionnelles qui sont auréolées d’un véritable prestige et d’autres qui sont dévalorisées de multiples façons. Afin de rendre compte des processus de construction et de valorisation symboliques des groupes professionnels, les auteurs portent leur attention sur des groupes appartenant aux classes moyennes supérieures. Ces derniers présentent la particularité de subir différentes formes de dévalorisation, alors que, intuitivement, on pourrait considérer qu’ils devraient bénéficier d’une image d’ensemble plutôt positive, en corrélation avec leur position socioéconomique relativement élevée. Etre en haut ou en bas de l’échelle sociale ne suffit pas, ainsi, à expliquer la nature des représentations sociales.

En s’appuyant principalement sur des données empiriques issues de plusieurs de leurs recherches (sur les huissiers de justice et les chirurgiens) et en reprenant les résultats d’enquêtes déjà réalisées (sur les sociologues) qu’ils complètent, Régine Bercot et Alexandre Mathieu-Fritz cherchent notamment à identifier les diverses causes des représentations négatives associées aux groupes professionnels, et à observer comment celles-ci émergent lors des interactions sociales et servent de support à leurs différents protagonistes, comment les professionnels tentent, via leurs organismes de représentation, de les modifier et, enfin, comment des individus en viennent à exercer les activités auxquelles elles sont associées.

Régine Bercot est professeur de sociologie à l’Université de Paris-8, chercheur au laboratoire Genre, Travail, Mobilités (G.T.M.). Alexandre Mathieu-Fritz est maître de conférences en sociologie à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée et chercheur au sein du Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (L.A.T.T.S.). Tous deux sont spécialisés en sociologie du travail et des professions.

Nicolas Jounin dans Marianne

Logo Marianne 2Marianne2.fr publie un article sur l’ouvrage de Nicolas Jounin, Chantier interdit au public, avec plusieurs extrait du livre :

Cette vie de chantier invisible pour le public

Bienvenue dans le monde des ouvriers du bâtiment. Vous savez, celui des chantiers, de la boue, du bruit des marteau-piqueurs, des défis techniques, de la force physique, du travail en équipe au grand air. Du racisme quotidien aussi, d’un déni total du droit du travail, de l’immobilité sociale.
C’est ce que révèle l’intéressante lecture de l’étude de Nicolas Jounin, maître de conférences en sociologie à l’Université Paris VIII, «Chantier interdit au public, enquête parmi les ouvriers du bâtiment».

Noir = manoeuvre = «Mamadou»
Sa méthode de travail est simple : se faire embaucher, un an durant, sur différents chantiers de Paris et ses environs, et observer. Ce qu’en sociologie on appelle « observation participante » permet de rapporter de l’enquête bien plus que des chiffres, déjà éloquents (par exemple, 77% de ces travailleurs du bâtiment sont des intérimaires) : le point de vue d’un sociologue «embedded» sur la pénibilité du travail, la précarité des intérimaires et le peu de cas que les géants du bâtiment font de leur main d’œuvre.
Et aussi bien au cours des descriptions que des extraits d’entretiens menés auprès d’ouvriers, de chefs de chantiers, de responsables d’agences d’intérim, ou encore de cadres des entreprises de construction, le constat est saisissant.
On y apprend que les noirs sont des « Mamadous », qu’ils sont la plupart cantonnés aux travaux de manœuvres. Qu’ils ne peuvent pas espérer progresser en apprenant un métier qualifié, puisque rien n’est prévu pour leur apporter cette qualification. Puisqu’ils sont noirs, et donc manœuvres. CQFD.
On y apprend que tous les ouvriers du bâtiment ne se valent pas, et que les castes sont imperméables. Les noirs, les manœuvres donc, ne côtoient pas les maghrébins ferrailleurs, qui ne côtoient pas les coffreurs qualifiés, qui à la rigueur peuvent côtoyer les chefs, qui sont blancs, donc français (même s’ils sont portugais, d’ailleurs).

Le droit du salarié n’est qu’un mot
On y apprend que les agences d’intérim sont les servants externalisés d’une demande de main d’œuvre à bas prix, corvéable à merci et très, très flexible, susceptible en fait d’être mise à la porte verbalement et dans l’heure. Et peu importent le code du travail, les contrats, l’intérim n’est qu’une organisation, très organisée d’ailleurs, de la précarité.
Les règles de sécurité, aussi, qui font bien rigoler les ouvriers soumis aux cadences infernales, sauf les jours de visite des inspecteurs, où chaque règle est respectée avec un soin religieux. Une fois n’est pas coutume.
Finalement, cette étude pourrait paraphraser Bourdieu, qui, voyant l’immense diversité de destin des jeunes, disait «La jeunesse n’est qu’un mot», sans réalité concrète et homogène. Ici, pourrait-on dire, «la réglementation du travail n’est qu’un mot». Ou bien : «Le droit du salarié n’est qu’un mot».
lire la suite sur marianne2.fr

plus d’informations sur la page de Nicolas Jounin : articles, émissions de radio…

Delphine Gardey sur France Culture

Delphine Gardey, maîtresse de conférences au département de sociologie de l’université Paris 8, était hier l’invitée des Lundis de l’histoire sur France Culture, une émission présentée par l’historienne Michelle Perrot.
L’émission peut être écoutée sur le site des lundis de l’histoire.

Nicolas Jounin dans Le Monde

Nicolas Jounin, maître de conférences au département de sociologie de l’université Paris 8, a publié récemment Chantier interdit au public. Le quotidien Le Monde en rend compte aujourd’hui :

Le secteur du BTP, derrière les palissades
LE MONDE | 14.03.08 |

e secteur du bâtiment et des travaux publics manque de bras, les salaires y sont meilleurs qu’ailleurs, il offre des perspectives de carrières et l’ascenseur social fonctionne… si l’on en croit le discours officiel des dirigeants d’entreprises de BTP. Mais, derrière les palissades, la réalité des chantiers est tout autre. Nicolas Jounin, sociologue, s’y est fait embaucher, incognito, durant un an, d’abord comme manoeuvre puis comme ferrailleur. Son enquête nous immerge dans cet univers très rude.

Arrivé sur le site, le jeune homme, que personne ne prend la peine de présenter, doit d’abord décoder le rôle de chacun. Sur un chantier se côtoient des ouvriers aux multiples statuts, permanents, intérimaires, salariés de l’entreprise générale ou de sous-traitants, voire de « sous-traitants de sous-traitants »… Entre eux s’instaurent une subtile hiérarchie et un partage quasi ethnique des tâches.

Au bas de l’échelle, les manoeuvres, intérimaires, la plupart maliens ou sénégalais, se voient confier les travaux les plus durs. Certains chefs les appellent indistinctement « Mamadou » et n’hésitent pas à leur rappeler qu’ils peuvent être renvoyés à tout moment. En proie aux humiliations voire au racisme mal dissimulé derrière un « humour de chantier », ils sont d’autant plus vulnérables que leur titre de séjour est provisoire ou inexistant. Ils projettent de quitter le secteur, où l’ascenseur social ne fonctionne pas pour eux, dès qu’ils seront régularisés.

Viennent ensuite les ouvriers qualifiés, ferrailleurs ou coffreurs, intérimaires ou permanents, souvent originaires du Maghreb. Puis les chefs d’équipe ou de chantier, majoritairement portugais, des travailleurs chevronnés, forts en gueule, qui houspillent « leurs gars », alternant réprimandes et faveurs. Ils ne font cependant que relayer les consignes des conducteurs de travaux, français, jeunes, un BTS ou un diplôme d’ingénieur en poche, qui, depuis les bureaux installés sur le site, organisent le travail, imposent le calendrier et des cadences très soutenues. Ceux-là sont promis à un bel avenir.

L’auteur décrit avec minutie les mécanismes de cooptation et de discrimination qui conduisent à cette division précise des tâches. Lui-même a eu du mal à se faire embaucher et s’entend dire par un chef de chantier : « Il faut que tu m’expliques pourquoi un Français se trouve dans la ferraille. Ça fait treize ans que je fais ce métier, j’en ai pas vu un seul. Enfin si, mais des cons. »

L’émiettement des statuts, l’enchevêtrement des employeurs et le va-et-vient incessant des ouvriers ne facilitent pas le travail d’équipe ni la convivialité. Un savoureux chapitre du livre est consacré à la lutte inégale pour obtenir le service de la grue ou disposer des outils indispensables. La géographie même de la prise des repas témoigne de ces divisions : seuls les salariés intégrés déjeunent ensemble. De fait, 80 % des ouvriers sont externalisés, la cascade de sous-traitants et le recours systématique aux agences d’intérim permettant de couvrir des illégalités largement tolérées. Les intérimaires ne signent de contrat qu’à l’issue de leur mission, ce qui permet d’y mettre fin à tout moment.

En dépit des progrès sur les conditions de travail, les chantiers restent exténuants physiquement. « Je suis frappé par le nombre de jeunes ouvriers qui, dès 30 ans, portent une ceinture dorsale », écrit Nicolas Jounin, qui cite aussi cette remarque d’un ferrailleur marocain : « Un ouvrier du bâtiment qui vit après 65 ans, c’est qu’il a été fainéant. » Le constat est aussi cinglant sur la comptabilisation des accidents du travail, souvent escamotés, et sur la parodie de sécurité à l’occasion d’une inspection. Pourtant noté « docile et assidu », Nicolas Jounin se révolte contre l’humiliation que lui fait subir un chef d’équipe ou alerte l’inspection du travail sur les pratiques d’une agence d’intérim. L’affaire ira jusqu’au tribunal correctionnel… pour voir prononcée une relaxe générale.

« Chantier interdit au public » de Nicolas Jounin. Ed. La Découverte, 276 pages, 23 €

Isabelle Rey-Lefebvre

Article paru dans l’édition du 15.03.08

Recrutements : 19MCF0442 et 19PR0388 (avec 70e section)

19MCF0442 : sociologie et démographie

Université Paris 8
N° de l’emploi : 0442 Nature de l’emploi : MCF Section CNU : 19e section HISTOIRE, LITTERATURE, SOCIOLOGIE
Profil : SOCIOLOGIE ET DÉMOGRAPHIE

Enseignement filières de formation concernées
LICENCE : CONNAISSANCE DES SOCIETÉS CONTEMPORAINES
MASTER : APPRENTISSAGE DE LA LECTURE DES DONNÉES DEMOGRAPHIQUES

objectifs pédagogiques et besoin d’encadrement DANS LES CONNAISSANCES DE BASES, LA DÉMOGRAPHIE EST INDISPENSABLE À LA COMPRÉHENSION DES TRANSFORMATIONS DE LA SOCIÉTÉ

Recherche équipe ou unité de recherche prévue, ou discipline émergente ou innovation en cohérence avec le volet recherche du contrat quadriennal de l’établissement Laboratoire(s) d’accueil :

Type (UMR, EA, JE, ERT) N° Nombre de chercheurs (le cas échéant) Nombre d’enseignants-chercheurs
UMR GTM, GENRE TRAVAIL ET MOBILITÉ, CNRS PARIS 10 PARIS 8
UMR-CSU, Cultures et sociétés urbains, CNRS PARIS 8
UMR URMIS, CNRS PARIS 7 PARIS 8
GETI LABORATOIRE D’ACCUEIL P8

19PR0338 (avec 70e section)  » Sociologie de la formation des élites au Maghreb »
Note A l’occasion de la visite dans notre département (lors de notre journée d’étude du 13 mars) du Président de l’université Paris 8, ce dernier nous a annoncé le retrait du poste du concours national (19PR0388 19ème et 70ème sections).

Nature : N° : CNU : PR 0388 19ème et 70ème Méditerranée – Monde maghrébin
Profil : Sociologie de la formation des élites au Maghreb
Compte tenu des axes de recherche engagés par l’équipe d’accueil Erasme 3389 et des enseignements dispensés dans le cadre du master recherche « Relations euro-méditerranéennes -monde maghrébin », le profil doit intégrer les problématiques concernant la formation des élites au Maghreb, en s’appuyant sur une sociologie comparée des systèmes éducatifs au Maghreb ainsi que sur l’étude des migrations intellectuelles.
Equipe(s) de recherche concernée(s) le cas échéant :
EA 3389

sources : page « profils longs » sur le site de l’université

Contacts : Jean-François Laé, président de la commission de spécialistes de la section 19 du CNU.

Questions de recherche : jeudi 13 mars

Nos brefs exposés de recherche entre enseignants du département de sociologie sont prévus le Jeudi 13 mars 2008 de 10h le matin jusqu’à 13h, en salle B135.

Nicolas Jounin, Claudette Lafaye, Patricia Paperman, Laure Pitti, Charles Soulié, Jean-François Laé présenteront en 20 minutes l’état de leurs questions de recherche.
Les présentations photographiques, archives sonores, documents divers sont acceptées.
Nous vous rappelons que cette matinée n’est pas un séminaire de recherche mais le reflet de nos questions courantes.
Les étudiants et les voyageurs clandestins sont les bienvenus
Merci encore de votre présence,
Charles Soulié et Jean-François Laé
Programme : Pour le Jeudi 13 mars de 10h le matin jusqu’à 13h.
La salle sera B135 (1er étage du bâtiment de l’UFR 4) dans cet ordre qui aménage les arrivées et départs
10h- Nicolas JOUNIN,
Laure PITTI,
Michel JOUBERT
Patricia PAPERMAN
Claudette LAFAYE
Jean-François LAE
Charles SOULIE.

Les ravages… dans L’Humanité

L’ouvrage collectif publié sous la direction de Charles Soulié et Christophe Charles, Les Ravages de la « modernisation » universitaire en Europe, est présenté dans L’Humanité :
Des universités réduites à la pensée unique.
Une critique en demi-teinte a aussi été publiée sur le site nonfiction.fr : « Horreurs de l’université ‘libérale' »

Ethnographes et voyageurs

Ethnographes et voyageurs - Les défis de l’écriture Barthelemy CouroucliTiphaine Barthélémy, anthropologue et maître de conférences au département de sociologie de l’université Paris 8, publie ces jours-ci un ouvrage collectif, dirigé avec Maria Couroucli, Ethnographes et voyageurs – Les défis de l’écriture aux éditions du CTHS

sous la direction de Tiphaine Barthélémy et Maria Couroucli
130e congrès national des sociétés historiques et scientifiques, La Rochelle, 2005
Ethnographes et voyageurs – Les défis de l’écriture
« Je hais les voyages et les explorateurs. » Courte et sans appel, la célèbre première phrase de Tristes tropiques a servi de manifeste à des générations d’anthropologues qui ont opposé l’objectivité de l’écriture ethnographique et la rigueur des méthodes sur lesquelles elle reposait à la subjectivité des relations de voyages, tôt rangées au rang de divertissement futile.
Ethnographie et voyage, pourtant, n’ont-ils pas toujours eu partie liée ? Peut-on encore opposer une appréhension scientifique de l’altérité à une appréhension poétique, intuitive et vagabonde qui traduirait surtout l’état d’esprit de l’observateur ? Les transformations qui ont travaillé en profondeur le champ des sciences sociales comme celui de la littérature ont, au cours de ces dernières années, radicalement remis en cause le bien fondé de telles distinctions. L’objectivité de l’ethnographe a souvent été dénoncée comme illusoire tandis qu’était réhabilités, à travers l’émergence de nouveaux genres littéraires, des types d’écriture qui, plus vibrants, plus engagés, plus personnels, étaient perçus comme mieux à même de traduire le sensible, de rendre compte de l’intraduisible. N’y a-t-il pas dès lors, entre l’écriture de l’ethnographie et celle du voyage bien des similitudes avouées ou inavouées ?
Autant de questions que contribuent à éclairer les articles réunis dans le présent volume. Émanant d’historiens, d’ethnographes, de sociologues ou de spécialistes de littérature, elles témoignent de la diversité des expériences de l’altérité tout autant que des jeux de miroirs dans lesquels arts et sciences ont pu se réfléchir et se nourrir mutuellement.

ISBN :978-2-7355-0655-2, 286 p., 16 x 24 cm, ill., br., 2008
Collection : Le regard de l’ethnologue – Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques (1990-) numéro :17
Code Sodis F30697.7

Plus d’informations sur le site du CTHS

Nicolas Jounin dans Libération et à la radio

Le quotidien « Libération » interview aujourd’hui Nicolas Jounin, maître de conférences au département de sociologie de l’université Paris 8 :
Un sociologue clandestin dans le BTP :

Un sociologue clandestin dans le BTP
Nicolas Jounin s’est immergé dans le secteur du bâtiment et a pu observer les pratiques sur les chantiers.
Recueilli par CATHERINE COROLLER
QUOTIDIEN : vendredi 22 février 2008
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Nicolas Jounin est sociologue, maître de conférences en sociologie à l’université Paris-VIII et chercheur au laboratoire Urmis (Unité de recherches migrations et société). Pour sa thèse, il a travaillé entre 2001 et 2004 comme travailleur du bâtiment intérimaire sur plusieurs chantiers. Il y a rencontré des sans-papiers et a interrogé plusieurs responsables des ressources humaines sur les raisons du recours à ce type de main-d’œuvre. Son travail universitaire lui a fourni la base d’un livre intitulé Chantier interdit au public, enquête parmi les travailleurs du bâtiment (1), qui vient de paraître.

Pourquoi les entreprises du bâtiment ont-elles recours à de la main-d’œuvre en situation irrégulière ?

Parce qu’elles ne peuvent pas s’en passer. Les étrangers – en situation irrégulière ou non [certains ont des titres de séjour d’un an qui les rendent à peu près aussi vulnérables, ndlr] – occupent des postes dévalorisés, comme manœuvre ou ferrailleur. Les manœuvres sont plutôt originaires d’Afrique noire, les ferrailleurs du Maghreb. Ce sont des métiers très durs. Les étrangers acceptent des conditions de travail que d’autres refuseraient. Si ces métiers sont pénibles, ils sont plus rémunérateurs que le nettoyage ou la sécurité, autres secteurs dans lesquels on trouve des sans-papiers.

Jusqu’à quel point les entreprises du bâtiment savent-elles qu’elles emploient des sans-papiers ?

Elles le savent globalement, mais pas forcément individuellement. Il n’est pas sûr non plus qu’elles se fatiguent à repérer les étrangers en situation irrégulière sur les chantiers. D’autant qu’elles les recrutent par le biais d’agences d’intérim.

Ces dernières sont-elles au courant ?

Dans mon livre, je cite le cas d’une agence dont la responsable reconnaît employer ponctuellement des sans-papiers. Lors d’un entretien que j’ai eu avec elle, elle m’a affirmé que «sur 100 gus, il y en a au moins 30 qui ont des faux papiers». Je raconte une autre scène au cours de laquelle une commerciale de la même agence a dit à un sans-papiers : «Là, c’est trop flagrant. Ils [les papiers] ne sont pas roses, ils sont fuchsia ! Je ne vais pas te prendre avec des papiers pareils.» Sous-entendu : «Reviens avec des faux papiers mieux faits !»

Le gouvernement accentue la pression sur les entreprises pour les dissuader d’employer des sans-papiers. S’agit-il d’une posture de fermeté destinée à capter les votes de l’extrême droite ?

La pression sur les entreprises s’accentue. Je pense au décret d’avril 2007 en vertu duquel elles ne peuvent plus employer un étranger sans l’accord préalable de l’administration. Dans mon livre, un patron parle de «contrôles plus stricts» et de «lois qui vont rendre les patrons responsables de la véracité des papiers». Les entreprises cherchent désormais à remplacer les intérimaires par des travailleurs européens détachés. Quand j’ai quitté Bâtarmat’ [PME sous-traitante du ferraillage dont le nom a été changé, ndlr], en mars 2004, le système était rodé : le ferraillage était largement externalisé et confié à des intérimaires étrangers. Depuis 2005, Bâtarmat’ a recours à la sous-traitance internationale. L’entreprise a sous-traité des bouts de chantier, puis des chantiers entiers. Elle fait appel à deux sous-traitants polonais. Ce recours pourrait toutefois n’être pas légal, car l’une des deux entreprises avec lesquelles travaille Bâtarmat’ n’aurait aucune réalité en Pologne. Mais c’est plus difficile à vérifier que d’organiser un contrôle de police sur un chantier.

Les travailleurs sans papiers se voient parfois accuser de dumping social…

Le recours aux sans-papiers a permis aux entreprises de faire l’économie d’une réflexion sur le moyen de retenir et de fidéliser leurs salariés. Elles savent qu’elles finiront toujours par trouver des bras.

(1) La Découverte, 2008, 276 pp., 23 euros

Mercredi 27 février 2008 à 15h, l’émission de France Culture À plus d’un titre présentée par Jacques Munier accueille Nicolas Jounin, auteur de Chantier interdit au public et maître de conférences au département de sociologie de l’université Paris 8. [écouter l’émission en MP3]
Nicolas Jounin sera aussi l’invité de Patricia Martin dans le « Cinq Sept » de France Inter, le 1er mars 2008 à 6h20 du matin. [écouter la chronique en MP3]
Le magazine Politis a rendu compte du livre de Nicolas Jounin :

UNE ENQUÊTE BÉTON
PAR JEAN-BAPTISTE QUIOT
jeudi 21 février 2008 – Politis
Le sociologue Nicolas Jounin s’est immergé durant une année dans le monde du bâtiment en tant qu’ouvrier. « Chantier interdit au public » retrace cet itinéraire.
Comme si on y était ! Avec Chantier interdit au public, le lecteur plonge dans le parcours d’un ouvrier débutant dans le secteur du béton armé parisien, où la loi du marché est impitoyable. Mais si le livre est remarquable pour la peinture qu’il donne de cet univers, son objectif n’est pas de le représenter sur un mode réaliste.
lire la suite

Enfin… Le 22 février 2008, une partie de la Revue de Presse de France Info était consacrée au travail de Nicolas Jounin :

8H20 : Un sociologue sur le terrain
Avec d’abord dans Libération l’étonnant parcours d’un sociologue…

Libération qui s’intéresse ce matin au dossier de l’immigration choisie… Les employeurs des sans-papiers peuvent demander leur régularisation dans le cadre de la nouvelle politique du gouvernement… Mardi sept cuisiniers ont été régularisés par ce biais, ce qui fait espérer aux syndicats des milliers d’autres cas. Pour Libération, l’occasion de publier ce portrait d’un sociologue qui a mis les mains dans le cambouis social. Nicolas Jounin s’est immergé dans le secteur du bâtiment… Il est sociologue, maître de conférences à Paris-8 et pour sa thèse, il a travaillé sur le terrain pendant 4 ans comme intérimaire sur plusieurs chantiers. Il en a tiré la matière du livre qu’il vient de publier. Il y raconte son expérience, les sans-papiers indispensables sur les chantiers pour les postes les plus durs, les Africains plutôt employés comme manoeuvres, les ferrailleurs qui viennent souvent du Maghreb. Les employeurs sont-ils au courant, et bien il a pu constater qu’évidemment ils le savent mais que bien souvent, ils choisissent de ne pas savoir, en allant même jusqu’à conseiller à tel ou tel de revenir avec des faux papiers mieux faits… pour éviter de se faire prendre trop facilement sur son chantier en cas de contrôle…

Vous pouvez écouter la revue de presse (MP3).