Coline Cardi, maîtresse de conférence au département de sociologie, co-organise un colloque, « Penser la violence des femmes » les 17 et 18 juin 2010.
Programme complet du colloque (PDF)
Le titre de ce colloque international comporte volontairement une restriction sexuée. Phénomène indéniablement minoritaire en termes d’occurrence statistique, la violence des femmes, si elle a pu largement nourrir un imaginaire collectif peuplé de figures féminines violentes (héroïnes belliqueuses ou figures monstrueuses), reste en France une question très peu explorée dans le champ des sciences humaines et sociales. Pourtant la violence des femmes est un phénomène constant.
De la même manière que pour Durkheim, le suicide ou le crime, loin d’être pathologiques, sont des phénomènes réguliers et dignes d’investigation sociologique, on voudrait montrer que l’accès des femmes à la violence légale et illégale constitue un levier pour analyser les rapports sociaux de sexe, d’une part, la violence et les normes de socialisation, d’autre part. Derrière l’usage par les femmes de la violence, se pose plus largement la question de la sexuation de la régulation et du maintien de l’ordre social.
L’organisation sociale repose en effet sur la mise en scène matérielle et symbolique d’une bipolarité qui distribue tâches et stéréotypes, opposant nature/culture, espace privé/espace public, donner la vie/donner la mort, force/faiblesse, virilité/féminité, sexe masculin/sexe féminin. Les femmes violentes contribuent à brouiller ces frontières, à instaurer un trouble qui est bien social et non pas seulement de l’ordre de l’exceptionnalité historique ou clinique.
Les femmes violentes sont-elles des « cas » qui confirment la règle d’une socialisation différenciée ? Permettent-elles au contraire de mettre en évidence des organisations sociales, des moments historiques et des situations sociales régies par d’autres hiérarchies ? Se rejoue-t-il une « division sexuelle du travail » violent ? Quel traitement les sociétés accordent-elles à la violence des femmes ? Le projet de ce colloque interdisciplinaire est de prolonger les recherches déjà engagées et d’ouvrir de nouveaux chantiers.